audrey abraham

dessin
gravure
serigraphie

 

Développé avec Berta.me

  1. Arpenteuse, je marche à travers les territoires explorant les interstices, les reliefs accidentés.
    Je traverse les forêts, suis le cours des ruisseaux, gravis les sommets.

    C’est par cette quête utopique de saisir l’ entierté d’un territoire, que je suis entrée dans l’univers
    de la cartographie. Comment retranscire un territoire alors que nous ne faisons que le traverser?

    En marchant, je me fais curseur, instrument de mesure de mon expérience sensible; de retour à la
    table de travail se pose la question de sa retranscription. Je dessine ou grave dans le cuivre lors
    d’un processus lent et minutieux. J’ organise, hierarchise, mets en concurence les informations
    glannées dans une sorte de projection entre représentation et figuration, réel et imaginaire.


    C’est alors par la construction planimétrique et rhizomique des élements entre eux qu’une compréhension
    globale du territoire est permise. Ce processus de projection révèle alors quelque chose d’impossible à saisir réellement par son expérience physique mais qui existe bel et bien.
    C’est alors que la forme emerge de la matière, que le sujet devient visible.
    Le territoire saisi en devient compréhensible, manipulable.

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  2. Strider, I walk through the territories, explore the interstices, the rugged reliefs. I explore the fo- rests, follow                   the course of rivulets, climb the peaks.

    It’s by this utopial quest to capture the entirety of a landscape, that I enter in the universe of map- ping. How to transcribe a territory whereas we merely cross it? When I walk, I make myself a cursor, like a measure instrument of my sensible experience. Back to the worktable comes the question of its transcription. I draw or etch in copper plates in a slow and detailed process. I organize, hierarchize, put in concurrence the gleaned informations in a kind of projection between representation and figuration, real and imaginary.
    Thus, it is by the planimetric and rhizmoic gathering of elements that a global comprehension of the territoiry is possible. This process of projection also reveals something impossible to catch by a physical experience, but that actually exists.
    It is then that the shape emerges from the material, that the subject becomes visible. The grasped territory becomes understandable, manipulable. 
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    Audrey ABRAHAM
    2014

  3. -

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    Tracer une ligne, c'est peut-être retourner quelque part. Sur quelques mètres de papier étalés au sol comme en une immense carte, Audrey Abraham dessine ce que ses souvenirs ont fixé le long d'un chemin mille fois parcouru au sortir de la maison familiale. Elle trace un paysage d'annotations graphiques précises, avec l' evidence d'un dessin sans effet ni style. C'est dans une vision multiple - du sol et du ciel; par le détail, mais aussi dans le survol-, que nous sommes invités à parcourir avec elle ce chemin ombilical.

    Le mémoire de fin d'études élargit ensuite cet itinéraire intime à une dimension collective: l'auteur y recence les artistes qui, comme elle, ont parcouru paysages et territoires. Autre dénotation d'un seul fil, sans rature, retour ou repentir: sur le mode du cheminement, comme sur le sentier de sa propre vie.

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    Vincent CARTUYVELS
    historien de l’art, professeur à La Cambre et directeur de l’École Supérieure des Arts  Le 75 (Bruxelles)

    2007